Elle avait accepté ce rendez-vous mais pourquoi diable l’avait-elle fait ? Zoella ne cessait de se poser la question alors qu’elle se surprenait à faire sa garde robe et les boutiques pour cette soirée qui pourtant s’annonçait des plus simples. Simple, c’était ça le mot qu’elle devait se répéter, ce n’était qu’une simple soirée, rien de plus et pourtant la brunette stressait comme lors de son bal de promo, oui, comme une étudiante impatiente et angoissée. La future architecte ne pouvait pas déranger Cora pour ce petit détail, surtout que sa cousine était en pleine préparation de sa candidature pour miss Australia, Viggo ? Elle venait de le consulter et ne pouvait donc pas débouler dans son cabinet pour lui demander quelle tenue elle devait choisir, c’est pourquoi Zoe pensa à sa cousine Posy, certes moins âgée qu’elle mais les deux jeunes femmes avaient toujours été très proches. Comme elle n’était pas loin du cyclone café, elle décida d’y passer pour voir si sa cousine y travaillait et par chance, ce fut le cas. Après avoir fait un signe de la main, la jeune femme s’assit à une table en attendant la brunette, il fallait réellement qu’elle lui parle, puis ça faisait plus d’une semaine qu’elle n’avait pas vu Posy et pour l’étudiante en architecture, la famille c’était important.

« Salut mini-cappucino »

Un clin d’œil et un magnifique sourire, depuis que sa cousine travaillait au café, Zoella lui avait trouvé ce surnom et ça ne la quittait plus depuis, elle trouvait que c’était adorable et que ça lui collait à merveille.

« Assieds-toi, j’ai envie de papoter avec ma cousine. »

Certes, elle avait aussi besoin de son aide, mais elle n'était pas là que dans ce but, c'est pourquoi elle préférait traînasser en discutant un peu.

Tu es tranquillement installée au café de tes parents, dans un coin, tes cours devant les yeux. T'as jamais réussi à travailler dans le silence, alors tu profites du coup de rush pour réviser entre les cris et les discussions. C'est probablement parce que t'as toujours été entourée de bruit. Grandir avec Cora ne laissait que peu de place au silence. D'ailleurs, celui-ci t'angoisses plus que de raison. Il te force à réfléchir, à penser à toutes ces choses que tu veux oublier, à penser à lui. Ce que tu te refusais à faire depuis l'accident. Votre histoire était finie, tu le savais, mais t'avais encore du mal à l'accepter. Tu ne comprenais pas comment tu avais pu cesser de compter en quelques heures. Il n'avait même pas pris la peine de s'assurer que t'allais bien, et c'était là le plus douloureux. Savoir que tu n'avais jamais réellement compté, du moins, pas assez pour qu'il veuille avoir de tes nouvelles. Te relevant, t'attrapes tes béquilles et te diriges vers le bar pour avoir une nouvelle tasse de café. « Posy t'en es déjà à 5. » te réprimandes ta mère. Elle te fait glisser un chocolat chaud devant toi et tu ne peux t'empêcher de rouler des yeux. T'attends qu'elle est le dos tournée pour attraper la cafetière et te remplir une pleine tasse. « Salut mini-cappucino » Tu sursautes légèrement, l'impression d'avoir été prise la main dans le sac. Un sourire se dessine sur tes lèvres quand tu te rends compte que ce n'est que Zoella. « Salut zouzou. » Ca t'échappe automatiquement, comme un réflexe vieux de nombreuses années. Tu n'es pas surprise de la voir ici, après tout, ta famille est tellement grande que tu les croises à chaque coin de rue.

« Assieds-toi, j’ai envie de papoter avec ma cousine. » Tu rejoins sa table, une béquille sous ton bras gauche et ta tasse de café dans ta main droite. Tu deviens une experte à ce petit jeu. « On joue aux jeux des conversations banales ou tu préfères me dire tout de suite ce qui t'embête. » C'est ça le problème avec la famille. On ne peut rien leur cacher.

Zouzou, c’était un surnom bien authentique à Posy, jamais aucun autre membre de la famille n’avait osé l’appeler ainsi et elle affectionnait ça. Zoella vit alors sa cousine se diriger vers elle avec une béquille sous le bras, elle eut envie de l’aider mais savait que la brunette était assez forte pour marcher, surtout têtue, elle n’allait certainement pas se laisser faire. Un sourire accueillant lorsqu’elle s’assit, l’avantage avec la famille c’était qu’on n’avait pas besoin de tourner autour du pot, on se connaissait trop bien pour savoir quand quelque chose allait ou n’allait pas. Mais l’étudiante en architecture fronça les sourcils, certes, elle avait besoin de l’aide de Posy, mais cela faisait un long moment qu’elle ne l’avait pas vue.

« C’est vrai, j’ai besoin de toi. Mais j’ai aussi envie de te voir. »

La jeune femme se pencha pour prendre deux énormes sacs en papier cartons, les posant sur la table ce qui la surplombait largement et sa cousine ne pouvait donc plus réellement la voir.

« J’ai un rendez-vous, je ne sais pas quoi mettre. »

Elle resta largement vague sur ce fameux rendez-vous, comment avouer qu’elle allait passer toute une soirée avec une collègue alors que celle-ci ne la laissait réellement pas indifférente. De plus, ce n’était vraiment pas une soirée dans un contexte amical mais plus un véritable rencard avec à la clé, peut-être bien plus que des sourires et un bon moment mais bels et biens des baisers maladroits mais désireux. A cette pensée, Zoella se mit à rougir, encore heureux que les sacs la cachait en grosse partie.

« Je ne me voyais vraiment pas le demander à Viggo. »

T'avais toujours été très proche de ta cousine. Peut être même plus proche d'elle que tu ne l'avais jamais été de ta propre sœur. T'adorais Cora, là n'était pas le problème, mais parfois, tu te sentais à des années lumières de la brune électrique qui te servait de grande sœur. Zoella, tu la comprenais plus facilement. Tu te sentais plus à l'aise à tes côtés, comme si t'étais libre d'être toi-même, sans peur de la décevoir. T'asseyant face à elle avec ta tasse de café, tu décèles tout de suite que quelque chose cloche. On ne peut pas mentir à sa famille, ils nous connaissent que trop bien. « C’est vrai, j’ai besoin de toi. Mais j’ai aussi envie de te voir. » Une petite moue faussement outrée se peint sur les traits de ton visage. « N'essaye pas de m'embrouiller Kane. Mon prix restera le même. » Tu lui offres un grand sourire pour lui prouver que tu plaisantes. Tu seras toujours présente pour elle, et ce gratuitement. « J’ai un rendez-vous, je ne sais pas quoi mettre. » Ton regard se pose sur les deux sachets énormes qu'elle pose devant toi. « Alors tu t'es dit que tu devais cambrioler le centre commercial ? » Tu n'attends pas sa réponse pour regarder ce qu'elle a acheté, sortant une jolie robe. Levant un sourcil, tu reposes ton regard sur Zoella. « Rendez vous amoureux je suppose ? » un petit sourire se dessine sur ton visage. « C'est qui ? Je le connais ? » Tu l'as toujours connu avec des hommes. Dans ton placard, trône encore une jolie robe que t'aurais du mettre à son mariage, alors, forcément, tu ne penses pas à l'éventualité que ce soit une fille. « Je ne me voyais vraiment pas le demander à Viggo. » Un rire s'échappe de tes lèvres quand t'imagines Zoella demander à son frère quoi mettre pour son rendez vous amoureux. « Tu es au bonne endroit mon enfant. Quel message tu veux envoyer ? Je suis intéressée mais pas désespérée ? Je suis désespérée, mais je veux quand même que tu travailles un peu ou alors carrément, je suis désespérée, fais moi l'amour maintenant sans passer par la case diner ?  »

Posy a toujours eu son humour et cette partie d’elle faisait bien rire la jeune femme c’est pourquoi Zoella sourire en entendant sa cousine, son prix resterait le même avait-elle dit, les souvenirs d’enfance te revinrent à l’esprit. « 5 bonbons aux fruits et un biscuit chocolat. Je crois que Viggo a trouvé sa vocation de dentiste en te regardant marchander. » Une petite taquinerie pour laisser planer l’atmosphère apaisante d’une retrouvaille familiale avant de passer aux choses sérieuses, mais la brunette en face de l’australienne n’est pas dupe et très vite, le sujet du rendez-vous est mis sur la table. Cambrioler le centre commercial, c’était un peu fort malgré que les achats de la jeune femme sont vraiment imposants et loin d’être bon marché. « Tu exagères, c’est deux trois broutilles » Posy sort une jolie robe d’un sac mais, un vêtement qui laisse supposé à un rendez-vous amoureux qui pourrait déboucher sur un "plus et affinités", la question de sa cousine laissa l’architecte encore plus embarrassée, est-ce qu’elle connaissait, non puisqu’il ne s’agissait pas d’un "le" mais bel et bien d’un "la", donc d’une femme. La brunette fut prise de court, n’arrivant pas réellement à répondre aux questions de sa cousine, un rendez-vous amoureux, ce n’était pas réellement ça, elle laissa alors planer le doutes alors que la jeune femme en face d’elle continuait sur sa lancée en expliquant qu’elle était tombée au bon endroit et demandait le message que la future architecte souhaitait envoyer. Zoe n’y avait jamais pensé, elle avait accepté de passer tout une soirée avec Rose sans se soucier du message qu’elle enverrait tout en redoutant l’instant où peut-être, les choses évolueraient. Cette fois, elle n’avait pas le choix, elle devait répondre et elle redoutait la réaction de sa cousine, elle qui l’avait toujours connu avec un homme, qui avait même demandé qu’elle soit sa demoiselle d’honneur, avec Cora, c’était certain, elle se lançait dans la gueule du loup. « Plutôt un message comme : Ne me brusque pas, j’ai toujours été avec des hommes. » C’était fin, c’était sous-entendu comme elle le pouvait et elle fit une espèce de grimaces attendant que le couperet tombe.

Un sourire s'étend sur ton visage. Tu as toujours aimé ces petits moments passés avec ta cousine. C'est raffraichissant, ça te permet d'oublier ta vie chaotique. « 5 bonbons aux fruits et un biscuit chocolat. Je crois que Viggo a trouvé sa vocation de dentiste en te regardant marchander. » Un éclat de rire s'échappe de tes lèvres. Depuis toute petite, tu avais toujours aimé être le centre de l'attention. Il te suffisait d'un petit sourire pour obtenir ce que tu voulais. Et généralement c'était des biscuits au chocolat. Tu hausses les épaules. « J'ai essayé de lui dire que c'était grâce à moi qu'il était devenu dentiste, mais bizarrement, il refuse de me donner 30 % de ses bénéfices. » Tu lui adresses un grand sourire avant d'attraper ses sachets. Tu veux voir ce qu'elle a acheté. Elle ne s'est privé de rien et tu n'hésites pas à le faire remarquer. « Tu exagères, c’est deux trois broutilles » T'attrapes une robe qui vaut probablement plus que ta tenue toute entière. « Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu ? » Ton regard ne laisse aucun doute sur la réponse que tu attends. Tu ne lui laisses d'ailleurs pas le temps de te répondre avant de parler de son rendez vous et du message qu'elle veut envoyer. Tu n'es probablement la personne la plus adaptée pour l'aider, vu le caractère désastreux de ta propre vie amoureuse, mais tu as toujours soutenu ta cousine et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. « Plutôt un message comme : Ne me brusque pas, j’ai toujours été avec des hommes. » Ta bouche s'ouvre, se referme, puis s'ouvre à nouveau. Tu cherches les mots, mais ils ne sortent pas. Tu te souviens avoir été cherché ta robe de demoiselle d'honneur, qui traîne toujours quelque part au fond de ton placard. Tu te souviens avoir rencontré son ex petit ami. Tu ne t'es jamais dit que Zoe pouvait aimer les femmes. Et puis, c'est là que ça te frappe. Tu t'en moques de savoir si c'est une femme ou un homme, tout ce qui compte c'est Zoe. « Cachottière. » que tu finis par dire avant de porter ta tasse à tes lèvres. « Remontre voir tes robes. » C'était ta façon de dire que tu t'en moquais, que c'était pas bien grave. « Je partirais sur la noir, elle est classe, sexy mais pas trop. Elle envoie le message j'ai eu le cœur brisé, mais je suis prête à refaire ma vie. » Tu te mordilles la lèvres, légèrement nerveuse avant de poser la question : « Pourquoi tu me l'as jamais dit ? »